Littéralement Nufi signifie chose nouvelle ; Nufi c’est l’ouverture à notre langue et à notre culture, c’est l’ouverture au monde à partir de nos racines. A travers NUFI, des hommes et des femmes ont découvert la lecture et l’écriture ; d’autres ont redécouvert leur langue et leur culture ; certains ont accédé aux premiers éléments de la science, de l’hygiène et de la compétence professionnelle.
Kα bα NUFI ? Nufi : wu fi mα wen kα’ ya’ yii ! NUFI mʉnco’ nzhi mbi ghə mbα ntʉαngwe’ yoh lah nkwen cicah nkwe zimo’ ngwe’. Pʉnok , mba’ mbα pʉnzhwie , lαto’ mbʉα tie ni nceh nwα’ni , mo’ to’ mbʉα patnjam nα ghə pi ntʉαngwe’ , nα nzhimbʉα , n α lah ncop na , nα nzhimfα’.
Beaucoup assimilent NUFI à la langue fe’efe’e et au Département Haut-nkam. NUFI se veut le visage de la culture du Haut-nkam et des Bamileke.
Beaucoup d’associations se réclament de NUFI ; il leur manque de cultiver les liens avec NUFI originel.
Mo’ pʉ nkwa’si mα NUFI , fe’efe’e mbα Tunkə mα wu shʉ’. Tα’, ntʉαngwe’ poa Tunkə , ntʉαngwe’ poa mfi’ke’ bα yi len Nufi.
Mo’ mvak nkwesi mben zen Nufi si kwen si bαnzhi kwα tendʉα Nufi.
NUFI EN BREF
- La création de Nufi
Dès leur arrivée au Cameroun, les missionnaires étaient préoccupés par l’apprentissage des langues locales pour transmettre le message de Dieu qu’ils apportaient. Aussitôt après la fondation de la paroisse de Banka en 1924, le Père Paul Gonthier, missionnaire français des prêtres du Sacré-Cœur de Jésus, entreprit la composition d’un petit catéchisme en fe’efe’e « Nwa’ni numboo na la’Nkwa! ». Ce petit catéchisme fut imprimé en 1928, et en 1930, une seconde édition sortit. Il est le premier livre imprimé en une langue Bamiléké, avec l’alphabet romain.
En 1953, le père Tchamda est nommé curé de la paroisse de Komako où, avec son vicaire Barthelemy Tchuem, il fonde le mouvement Nufi. Les premières personnes que les abbés Tchamda et Tchuem (alors curé et vicaire à Komako) initièrent à la lecture, étaient pour la plupart des illettrés. Elles n’avaient jamais été dans aucune école. La première fois qu’elles lurent et comprirent un texte rédigé en Bamiléké, ce fut pour tous une grande surprise et on s’exclama, étonné ! Nufi ! (Chose nouvelle). Nufi vient de deux mots bamiléké :
- NU (chose, affaire) et,
- FI (neuf, nouveau) – chose nouvelle
Les abbés TCHAMDA et TCHUEM ont adopté le mot « Nufi » pour désigner le mouvement pour la promotion de la langue Bamiléké des Fe’efe’e, et leur méthode d’alphabétisation fonctionnelle. Le but des Pères fondateurs de Nufi fut donc « d’alphabétiser » les adultes qui n’ont pas pu aller à l’école française ou anglaise par leur langue qui reste le chemin le plus court : de faire évoluer le Bamiléké à partir de lui-même, sans le déraciner ; de mettre le savoir à la portée du plus grand nombre par le canal de leur langue qu’ils comprennent déjà bien.
NUFI a pour missions de :
- Contribuer au développement socioéconomique et culturel du Haut-Nkam ;
- Promouvoir l’alphabétisation en langue fe’efe’e, l’étude scientifique de cette langue, sa standardisation, sa modernisation et son emploi dans diverses formes de communications.
- Sauvegarder et développer le patrimoine culturel des peuples du Haut-Nkam sur tous les plans : Traditions, musiques, arts, éducation et recherche.
- Les instances de Nufi
Comme toute association, la structure d’administration et de gestion a évolué au fil des années pour s’adapter à l’environnement social et économique.
A sa création, Nufi était composée :
- D’une Assemblée générale et,
- D’une Direction générale
Nufi a fonctionné dans ce schéma jusqu’en 2008 avec la modification de l’instance dirigeante qui est passée de la Direction Générale à un Directoire composée d’un Directeur chargé du Développement, un Directeur chargé de la langue et un Directeur chargé des finances. Ainsi donc à partir de 2008, les instances de Nufi étaient :
- L’assemblée générale
- Le Directoire.
Suite à la modification des Statuts intervenue en 2017, il y a eu une évolution dans l’administration de l’association avec la création d’un Conseil d’administration national et du Bureau Exécutif National. Les instances à partir de cette date sont :
- L’Assemblée générale:
- Tient ses réunions une fois tous les 3 ans en session ordinaire et peut se réunir en session extraordinaire ;
- Définie la politique générale de l’association et,
- Élit les membres du Conseil d’Administration National.
- Le Conseil d’Administration National
- Il est composé des représentants de chaque région, des parlementaires élus, des Maires de chaque commune du Haut-Nkam, de 7 chefs traditionnels du Haut-Nkam délégués par leurs pairs par arrondissement, de 3 membres représentants les 3 confessions religieuses, d’un représentant de la diaspora et des forces vives.
- Le Conseil d’administration se réunit 2 fois par an en session ordinaire et peut se réunir en session extraordinaire.
- Il est dirigé par un bureau composé d’un président et d’un vice-président.
- Il vote le budget ;
- Il adopte le plan d’action annuelle et valide les rapports d’activités et financier présenté par le Bureau Exécutif National.
- Bureau Exécutif National :
- Il est l’organe exécutif de l’association. Il se réunit autant que faire se peut. Il est composé de :
- 01 Président-e National-e
- 3 vice-président-es
- 01 secrétaire général-e
- 01 secrétaire adjoint-e
- 01 Commissaire aux comptes et,
- 01 trésorier-ère
- Les membres du Bureau exécutif National sont élus par le Conseil d’Administration National ;
- Il met en en œuvre les décisions de l’assemblée générale et du conseil d’administration.
- Il est l’organe exécutif de l’association. Il se réunit autant que faire se peut. Il est composé de :
Les démembrements régionaux et départementaux ainsi que la diaspora sont des organes décentralisés qui prolongent l’action de Nufi.
Les différents dirigeants de NUFI
Pour ce qui de l’Exécutif :
- L’Abbé François Marie Tchamda, Directeur Général ;
- L’Abbé Jean Bosco Tchappe, Directeur Général,
- L’abbé Joseph Mboumbi, Directeur Général,
- L’Abbé Ngapi, Directeur Général,
- Le Ministre Thomas Dakayi Kamga, Pr Sadembouo et Ngaleumo Réné (3 membres du Directoire National, puisqu’à une période Nufi était dirigé par un Directoire) de 2008 à 2017 ;
- Thomas Dakayi Kamga: Président du Bureau Exécutif de 2018 à 2021 ;
- Paul Guy Hyomeni, Président du Bureau Exécutif National depuis janvier 2022.
Pour ce qui est du Conseil d’Administration National
2017-2021
- Président : Charles Djado
- Vice-Président: Noucti Tchokwango
2021-2024
- Président: Pr Sadembouo Etienne
- Vice-Président: Emako François Marie
- Les activités de Nufi
- Enseignement de la langue fe’efe’e
Après la création du mouvement culturel Nufi, une étincelle bienfaisante s’était produite. Cela fit vite tâche d’huile, et des écoles Nufi ouvertes partout étaient bondées d’élèves pour la plupart des adultes de 30 à 50 ans. Chacun voulait s’initier à cette magie des blancs (ngwaa ka’ pandak). Aller aux cours Nufi pour savoir lire et écrire sa langue et connaître tout le secret qu’on écrivait en langue, c’était l’idéal.
Au début c’étaient surtout des adultes illettrés ou des personnes qui n’avaient pas dépassé le Cours Préparatoire (CP) à l’école européenne. Des jeunes filles auxquelles les parents ne permettaient pas de fréquenter l’école française. Peu à peu des élèves du primaire, du secondaire et même des universitaires, ont emboité le pas.
Au début les enseignants se recrutaient parmi les personnes qui savaient lire d’autres langues. Une fois qu’on savait lire et écrire, on se devait d’initier les autres. C’était un devoir et une fierté de partager avec d’autres ce qu’on avait reçu.
L’enseignement est en général gratuit. Les élèves versaient, au début, 50Frs par mois pour aider leurs maîtres à acheter les fournitures.
Les cours étaient dispensés dans les salles des écoles « régulières », les salles des réunions familiales ; les salons et vérandas de certains supporteurs. A Penja et à Ebolowa, les gens ont construit des salles propres au cours Nufi.
Les matières principales et fondamentales enseignées sont la lecture et l’écriture. Mais la lecture et l’écriture ne sont que des moyens pour accéder au « savoir ». L’école Nufi enseigne des éléments des sciences naturelles et physiques, d’hygiène, de géographie et d’histoire, de calcul, de savoir-faire, de savoir-vivre et d’instruction civique, de chant… ; elle organise des saynètes très instructives et des danses du terroir.
Les cours Nufi sont sanctionnés depuis 1961 par un diplôme appelé « KAM NUFI ». Ce diplôme est décerné à ceux qui suivent avec succès l’examen appelé Laksi Ntumbhi Kam Nufi. Il correspond au C.E.P.E du cycle primaire francophone ou First Leaving Certificate du cycle primaire anglophone du système éducatif camerounais. Après le succès du premier « KAM NUFI » (diplôme), la préparation du 2ème KAM « Sa’sam » correspondant au BEPC du secondaire du système éducatif camerounais, commença en 1976, et les 27 et 28 décembre 1980, le premier examen eut lieu au centre unique de Bafang avec 20 candidats. Beaucoup d’entre eux avaient déjà le BEPC, les matières étaient celles des classes de 4ème et 3ème du secondaire francophone. Six personnes réussirent au « Sa’sam ».
- Publications
Nufi a produit une littérature diversifiée :
- Des livres religieux, catéchisme, Missels, messes, cantiques, etc.
- Des livres de classe de formation et recherches, syllabaires, grammaires, livres d’hygiène, romains, pharmacopées, dictionnaire, les agendas, bref plus d’une cinquantaine d’ouvrages ;
- Le journal Nsienkengwe’, Messager qui signifie « qui porte la nouvelle au peuple». Autorisé le 04/10/1967, ce mensuel paraissait à Bafang. Au début, son tirage allait de 1500 à 2000 exemplaires. Le journal a un comité de rédaction. Les lecteurs sont les enseignants, et tous ceux qui ont appris à lire et écrire Nufi. Dans ses débuts, un exemplaire du journal, était lu par plus de 30 personnes qui se le passaient de main en main.
- Le Centre Nufi
Afin de contribuer à la promotion de la pharmacopée traditionnelle, Nufi a créé en son sein, le « club des amis de l’UNESCO section herboriste ». Les membres sont des guérisseurs traditionnels qui utilisent les plantes pour guérir des maladies. Ils font des recherches, étudient les compositions et dosage des remèdes, initient les jeunes guérisseurs ; ils entretiennent des jardins de plantes médicinales dans certains groupements et villages. Ils collaborent avec des médecins. Ils ont reçu des encouragements du ministère de la Santé, du représentant national de l’Unesco. Une des grandes réussites de NUFI c’est d’avoir persuadé les guérisseurs à se mettre ensemble au sein d’une association. Un livre a été écrit en Nufi par leur président, aujourd’hui décédé ; il n’a pas été imprimé faute de moyens financiers. Ledit livre était intitulé Pharmacopée Traditionnelle Africaine, par NEMADEU Victor.
Grâce aux dons divers obtenus des bienfaiteurs, le Centre Nufi a été construit et équipés de tables-bancs, machines à coudre et machines à écrire. Le Centre visait à aider la jeune fille à bien accomplir sa mission de femme, de mère et d’éducatrice. Les enseignements qui y étaient dispensés portaient sur : le travail domestique, la couture et la broderie, la cuisine africaine, l’artisanat (fabrication des objets et ustensiles de cuisine des objets de décoration, etc. La Durée de formation était de 3 ans. Ledit Centre est situé entre le Carrefour Mbouga et le Collège St Paul de Bafang, ce fut une grande nouveauté. Il accueillait les jeunes filles ayant interrompu leur cursus scolaire et des jeunes dames analphabètes. Le Centre ouvert en 1968 a formé plus de 1000 jeunes filles jusqu’en 1981. La première Directrice du Centre était Anni Leroy de nationalité allemande. Au cours de l’année scolaire 1971-1972, le Centre comptait 160 élèves (jeunes filles âgées entre 15 ans et plus) et 6 enseignants.
Les cours étaient payants (somme modique).